livres

RECOMMENCER

Téléverser le sommaire en PDF

Mario Sei

DU RECIT DU TRAVAIL AU TRAVAIL DU RECIT

Présenté sous la forme d’un « récit sur le travail », l’ouvrage de Mario Sei revisite l’histoire globale du travail dans l’intention de déconstruire une vision linéaire du progrès historique encore largement partagée. L’ouvrage de Mario Sei se présente comme un contre-récit qui relativise le rôle de la machine à vapeur dans la révolution industrielle pour mettre en évidence d’autres déterminants, tels que l’esclavage, le colonialisme, ou encore le remplacement de l’énergie hydraulique par l’énergie fossile.

Ce contre-récit rappelle la violence qui a permis d’imposer le salariat et de généraliser la forme sociale du travail-marchandise. Une condition que les antiques romains appelaient locatio sui et qu’ils méprisaient en la considérant comme la mise en vente de soi-même en tant que personne assujettie et qui s’est rapidement transformée en condition « naturelle » du travail, en valeur éthique et en rapport social à partir duquel s’organisent les sociétés modernes.

L’ouvrage de Mario Sei raconte aussi les processus de décomposition et de recomposition au sein de la multitude de travailleurs et travailleuses industriels, l’émergence d’un sujet collectif – la classe ouvrière et le mouvement ouvrier –, qui pour la première fois de l’histoire a pris une dimension internationale et a constitué, pendant plus d’un siècle, une puissante force sociale.

Dissoute en tant que sujet politique collectif, la multitude de travailleurs n’a pourtant pas disparue en tant que classe, puisqu’en dépit de nombreuses prévisions énonçant la fin du travail, ce dernier est toujours bien présent. Le travail vivant, productif et reproductif, de plus en plus assujetti à la forme sociale du travail-marchandise, continue à être la force indispensable qui, avec les ressources naturelles, font fonctionner le système de production capitaliste. Le paradoxe est que cette grande force collective est employée au bénéfice d’une logique qui sert non pas au vivre mieux, mais à détruire la planète et à empirer les conditions de vie du vivant, humain et non humain. Le travail est non seulement le point de départ pour repenser la vie sociale et pour faire face à la crise écologique. Il est également le point de départ pour élaborer et pratiquer une autre manière de produire et reproduire la société. Pour avancer dans cette direction, il faut que le travail vivant se libère de la domination du travail abstrait avec lequel le mode de production capitaliste l’a forgé et dans lequel il l’a enfermé.

Mario Sei, né à Milan en 1961, est professeur de littérature italienne contemporaine à l’université La Manouba de Tunis. Après diverses expériences professionnelles, il a d’abord obtenu une maîtrise en philosophie de la science en Italie et puis un doctorat et l’Habilitation en littérature italienne contemporaine à l’université Paris-Nanterre. Il est l’auteur de plusieurs publications en italien, en espagnol et en français.

 

Table des matières

Préface par Sandro Mezzadra

Introduction

Le capitalisme, la crise, le désespoir et le « nous »

Pourquoi le travail ? Pourquoi le récit

Chapitre 1 – Les mondes du travail

1) Le travail, la valeur, la richesse

2) Un seul mot, plusieurs sens

3) Le travail et ses histoires multiples

4) Le moulin et le purgatoire

 Chapitre 2 – La « révolution industrielle »

1) Machines à vapeur

2) Esclavage comme antichambre du salariat

3) Idéologie du travail

 Chapitre 3 – Les masses dangereuses deviennent une classe laborieuse

1) La grande transformation

2) La classe ouvrière en Angleterre

2) De l’Angleterre à la France

Chapitre 4 – La classe ouvrière : force-travail et sujet révolutionnaire

1) La mosaïque révolutionnaire

2) Épigones du cycle révolutionnaire européen

Chapitre 5 – Fin de l’histoire ? fin du monde ?

1). Figures de fin d’époque

2). Peu avant que l’espoir du futur ne renaisse

3). La grande capture. Une cage d’acier devenue globale ?

 Chapitre 6 – Écrire et raconter le travail

1). Les mots qui manquent

2). A propos du langage à construire. Une clarification nécessaire

3). Les antécédents. Bref aperçu sur la littérature industrielle italienne des années 1960-1970

4). Littérature et travail aujourd’hui. La littérature working class

5). Une littérature working class qui s’impose, malgré tout

Épilogue – Pour un travail retrouvé

Bibliographie

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *